Un bombardement frappait les pauvres fourmis depuis des heures. Elles s'étaient faites surprendre alors qu'elles amassaient de la nourriture. Et là, les obus avaient frappé, sans pitié. Plusieurs d'entre elles étaient mortes. 025421 ne retrouvait plus 653214 alors qu'elles étaient parties ensemble. Ne pouvant allé à la fourmilière, elle s'était abrités sous une grosse masse poilue et chaude.
La pluie battait le sol depuis des heures. Des grosses flaques de boue commençaient à apparaître et certains fruits pourris déversaient leur jus. Le vent avait fait tombé un arbre où les goyaves, qui y murissaient, étaient tombées. Flammy s'en était prise une. Et elle était là, dans la boue et son sang, assommée. Trempée jusqu'aux os, après une bonne heure à s'imbiber sous cette averse, la louve se réveilla enfin. Un mal de tête la pris et elle se remit difficilement debout, ne comprenant pas ce qu'il lui était arrivé. S'était-elle fait attaquée ? Mais alors... pourquoi serait-elle encore en vie ? Un goût amer lui envahit la bouche. Elle saignait ! Et puis quoi encore ?! Depuis qu'elle était arrivée dans ce satané pays, rien de bon ne lui était arrivée et en plus, elle mourrait de faim. Elle vacilla et dû s'asseoir. Il n'y avait que des fruits et l'herbe à perte de vue. Un vent froid interrompit ses réflexions et elle se rendit compte de son état de serpillière... Et la pluie n'avait pas l'air de vouloir s'arrêter. Elle reprit ses esprits et commença à courir pour se mettre à l'abri. Mais où ? Une odeur horrible vint lui chatouiller le museau. C'était entêtant, une odeur de fruits pourris. Elle s'y dirigea pour, à défaut de trouver un abri, trouver quelque animal affamé venu se régaler.
La louve était arrivée. Une montagne de fruits pourries étaient disposés devant un trou noir béant : une ancienne mine. ... Des animaux vivaient peut-être par ici. Des chauves-souris ou un animal venu se réfugier. Flammy était sceptique. Répugnant tout d'abord à y entrer, le froid eut raison d'elle et s'aventura doucement dans ce nouvel univers. Elle était au moins à l'abri mais pour une proie, elle pourrait toujours aller voir ailleurs : aucune odeur, si ce n'est celle obsédante des fruits. Elle observa les parois, de partout des fruits. De toutes les formes, de toutes les couleurs. Des fruits. Elle marchait d'ailleurs dessus ! Chaque pas produisant un son horrible qui résonnait dans la mine, elle essayait de marcher doucement mais rien n'y faisait. Un éclair vient illuminer cette grotte fruitée. Les fraises luisirent tels des yeux, les oranges étincelèrent rappelant les explosions des fusils... La louve frissonna. Elle s’enfonça peu à peu dans la grotte, cherchant la chaleur ou quelconque chose à se mettre sous la dent. L'obscurité fut alors totale. Se fiant à son flair, elle continua d'avancer, la chaleur augmentant peu à peu. Bientôt, elle n'entendit plus qu'un discret murmure indiquant qu'il pleuvait encore. Les boyaux se rétrécissaient de plus en plus et elle était maintenant compressée contre les parois, écrasant les fruits dont leur jus lui coulait dans le pelage. Elle serait camouflée, au moins. Elle ne s'arrêta pas. La chaleur devint alors agréable. Elle avait atteint une cavité. Une faible lueur l'illuminait : des vers luisant voletaient un peu partout. Une rivière d'eau de source coulait au milieu. Elle s'en approcha pour aller se rincer, l'eau était chaude et rapidement, elle fut lavée de tout sang, boue, jus de fruits et autres. Elle retrouvait de sa vigueur. Alors qu'elle paressait dans l'eau, un bruit se fit entendre. Il résonnait. C'était des bruits de pas. Elle s'enfonça dans l'eau pour se cacher aux yeux de l'intrus qui devait avoir soif. Quand il arriverait, il aurait une petite surprise...